Elise a été incapable de quitter le Canada et la voilà fugitive, vivant de mûres et de limaces grillées dans les forêts d'Irving. Heureusement qu'elle a suivi l'entraînement de survie des guides en Belgique: ce n'est pas par la faim qu'on parviendra à la faire revenir. Elle projette déjà de se composer un stock de tomates et de champignons; elle a repéré une ferme où elle pourra se servir d'oeufs et de lait quotidiennement; elle pêchera, videra et cuira les achigans à petite bouche qui pullulent dans le fleuve Saint-Jean. Bref, ça pourrait finalement tourner en voyage gastronomique pour notre aventurière si elle arrive à trouver des épis de maïs et de la vinaigrette pour ses salades.
Tout ça pour dire qu'à deux poils près, Elise restait chez nous. Arrivée à l'enregistrement des bagages à l'aéroport de Fredericton, elle ne retrouve pas son passeport. On regarde autour de nous pour identifier un quelconque pick-pocket, mais il n'y a personne à 20 mètres à la ronde à l'exception de la dame derrière le guichet qui nous fait un grand sourire. C'est un peu le stress, mais tout est bien qui finit bien quand elle ouvre sa valise et quand, à trois, nous parvenons à soulever la batterie de son ordinateur. Son passeport est bien là, écrasé en-dessous. Ouf!
A l'heure où je rédige ceci, elle est probablement au-dessus de l'Atlantique, rêvant de ses copains les maringuoins acadiens. Ils garderont d'elle un excellent souvenir.
Nous aussi d'ailleurs.
